physiologie du larynx: voix et autres fonctions
physiologie du larynx: voix et autres fonctions
I- Introduction
Le rôle premier du larynx est, grâce à son anneau cricoïdien complet, de maintenir ouvertes les voies aériennes malgré les pressions négatives créées au cours de l’inspiration.
Le rôle second est tout autant primordial : il s’agit pour le larynx, en se comportant comme un sphincter au cours de la déglutition, de protéger les voies aériennes en les verrouillant.
A partir des fonctions primitives respiratoire et digestive, le larynx a acquis, avec l’évolution, d’autres fonctions qui fondent le caractère humain de l’homme par rapport au monde animal.
Le larynx humain est ainsi le fruit d’une lente évolution. Les modifications des structures anatomiques laryngées, au cours des différentes étapes évolutives humaines, ont fait du larynx l'organe complexe qui, à côté des fonctions vitales respiratoire et digestive, a acquis un rôle fondamental dans la réalisation de certains efforts et qui, bien sûr, produit les sons de la parole.
Cette lente évolution est en fait la manifestation d'une adaptation constante de l’homme à son environnement.
Sous quelles influences ces transformations se sont-elles élaborées et à quel déterminisme ont-elles obéi ? Il est intéressant de remonter aux sources de l’évolution laryngée pour mieux comprendre la physiologie de cet organe.
Dans la modification des structures anatomiques ayant finalement donné lieu à la disposition et la morphologie actuelle des organes phonateurs, les facteurs déterminants relèvent avant tout de l'adaptation à un mode de vie particulier, en rapport avec les nécessités de l'environnement : il s'agit de la vie arboricole et de l'acquisition de la station debout.
Avec la station verticale et la bipédie, l'appareil locomoteur antérieur change de rôle. La faculté de grimper autorise une vie dans les arbres ; dès lors, le geste de traction du corps par les membres supérieurs nécessite un nouveau point fixe pour que les muscles puissent développer une force suffisante permettant le soulèvement. La fermeture des cordes vocales en apnée inspiratoire crée ce point d’appui fixe au niveau du thorax. Un nouveau rôle apparaît pour le larynx, celui des efforts à glotte fermée.
L’occlusion glottique complète, lorsqu’elle se prolonge, permet à son tour l’apparition d’une nouvelle fonction laryngée. L'émission de sons tenus puis durables devient possible, donnant ainsi naissance au support acoustique du langage humain.
L'expiration peut être maintenue et contrôlée, modulant ainsi les sons naissant du larynx, au gré des émotions du locuteur.
Mais l’adduction des cordes vocales au cours de la phonation, a pour conséquence une diminution du débit inspiratoire : l’ouverture glottique maximale demeure moins large que chez les espèces où le larynx n'est pas occlusif. Ainsi, le débit du souffle que nécessite une échappée rapide devant le danger se trouve heureusement compensé par la possibilité d'un signal d'appel plus fort et plus continu et d'une fuite rendue possible par l'évasion dans les arbres.
Parallèlement, le membre supérieur, libéré de ses fonctions locomotrices, devient organe de préhension et même de broyage des aliments. La taille des maxillaires diminue puisque les aliments sont déjà réduits avant d’arriver dans la cavité buccale. Moins puissants mais plus subtiles dans leurs actions, les muscles de la sphère oro-bucco-faciale et surtout de la langue permettent l’éclosion d’une nouvelle fonction : l’articulation des sons de la parole.
Avec la verticalité, les structures anatomiques des résonateurs se modifient. Chez la plupart des quadrupèdes en effet, l'axe de la tête se trouve en prolongement de l'axe du corps : le voile du palais se place au contact de l'épiglotte, reposant parfois sur sa face postérieure. Avec l'apparition de la station verticale et la régression des mandibules, la base du crâne forme désormais un angle de 90° avec la colonne vertébrale. Le voile du palais s’éloigne de l'épiglotte, qui demeure en situation cervicale. Un espace apparaît au-dessus du larynx : cette cavité aux parois capables de vibrations se transforme en résonateur qui va modifier l’onde sonore née au niveau du larynx. La langue acquiert une plus grande mobilité, lui permettant de donner une multitude de formes à la cavité buccale, second résonateur. Ces différentes modifications auront pour conséquence une meilleure exploitation d'un son laryngé devenu plus continu. Souplesse d'articulation de la langue avec séparation possible des cavités nasales et orales sont autant d'atouts pour la réalisation de signaux sonores variés, qui constitueront la base des sons de la parole.
Parallèlement aux changements de mode de vie, aux développement cognitifs (rôle de la main, de la pensée, du langage…) la boîte crânienne et la masse cérébrale se développent considérablement. Le prodigieux développement du système nerveux central permet d'utiliser toutes ces possibilités pour la réalisation d'un langage hautement élaboré.
II-Les 4 fonctions laryngées
En s'appuyant sur l'anatomie fonctionnelle, nous allons détailler les différentes fonctions du larynx.
Segment de tube, le larynx en s'ouvrant dans le pharynx est le passage obligé de l'air expiré. Il se transforme alors en vibrateur sonore pour la production vocale chantée ou parlée.
Sa fermeture forcée contrôle l’aiguillage du bol alimentaire vers l'oesophage.
Il sert enfin de point d'appui musculaire pour les grands efforts réalisés avec les bras et la paroi abdominale.
Le larynx peut être présenté comme un sphincter dont la fonction est de fermer les voies aériennes dans certains actes physiologiques.
En fait, il est plus juste d’utiliser à la place de « sphincter », qui évoque uniquement la possibilité d'ouverture ou de fermeture, la notion de « plicature progressive » (théorie du couplage mécanique de FINK).
En effet : il existe un couplage (c'est-à-dire une relation) intime entre la place du larynx dans le cou, la taille verticale du larynx et le diamètre de la lumière laryngée. Les examens radiologiques montrent bien qu'à l'inspiration, le larynx est plus bas et que la lumière laryngée s'élargit, alors qu'à l'expiration le larynx est plus haut et que la lumière diminue.
C'est la théorie du couplage mécanique de Fink : ce dernier considère que les cordes vocales et les bandes ventriculaires sont des replis qui peuvent être plus ou moins marqués ou étirés, à la manière de « ressorts ».
La constitution de l’armature laryngée en fait un organe doué d’élasticité qui, à la manière d’un ressort, va pouvoir être déformé par l’application de certaines forces. Tout comme le système thoraco-pulmonaire, le larynx tendra toujours à reprendre sa position de repos, d’équilibre, tout en restituant l’énergie accumulée pendant sa déformation.
Tout comme pour la ventilation, ce mécanisme permet d'avoir le maximum d'efficacité avec le minimum de dépense d'énergie.
En fonction de la déformation du «ressort» laryngé, on peut classer les quatre fonctions laryngées par ordre de «plicature» croissante.
1-La respiration
Tout comme pour le système thoraco-pulmonaire, on décrit une position de repos ou d’équilibre pour le larynx au cours de la ventilation.
A la fin d’une expiration ventilatoire, le larynx se trouve dans une position d’équilibre: les cordes vocales sont écartées l’une de l’autre, en position intermédiaire entre l’accolement et l’ouverture maximale, de sorte que vue de dessus, la glotte a une forme triangulaire (triangle isocèle: base représentée par la commissure postérieure, sommet par la commissure antérieure, 2 côtés par le bord libre de chaque corde).
Dans cette position, les forces élastiques se compensent parfaitement, la position des aryténoïdes est maintenue par une contraction équilibrée des muscles CAP et CAL.
A chaque fois que le larynx et les cordes vocales en particulier, pendant la phase respiratoire, s’éloignent de cette position d’équilibre, de nouvelles forces élastiques naissent et tendent à repositionner l’ensemble du vibrateur dans sa position de repos.
1-1-Pendant l'inspiration
Pendant l’inspiration, le diaphragme s’aplatit et s’abaisse dans la cavité abdominale. Comme ce muscle est solidaire du tissu pulmonaire grâce à la plèvre, son abaissement tire les poumons vers le bas. A l’intérieur du système respiratoire, l’arbre bronchique descend lui aussi, entraînant par là-même la trachée. Or la trachée est solidaire du larynx : quand le diaphragme s’abaisse, le larynx est tiré vers le bas à la manière d’un ressort.
Mais le larynx est solidaire de la tête (et en particulier de la mandibule et de la mastoïde), par le biais des muscles du cou qui constituent son système d’arrimage. Le larynx s’agrandit donc vers le bas comme un ressort qu’on étire. Plus on l’étire, moins les plicatures laryngées sont marquées, plus la lumière endo-laryngée est importante.
Le larynx, solidaire par l’intermédiaire du cricoïde de la trachée, mais également de l’os Hyoïde et de la tête par l’ensemble des muscles suspenseurs, subit une double contrainte : il est tiré vers le bas et retenu par le haut. Les aryténoïdes en particulier sont soumis à ces forces contraires. Au cours de l’inspiration, ils subissent des tractions venant du système pulmonaire, et ils sont retenus par le système d’arrimage.
Inspiration normale
La descente laryngée entraîne un glissement latéral des aryténoïdes sur la facette articulaire cricoïdienne, à l'origine d'une ouverture passive de la glotte.
Les muscles CAL et CAP stabilisent par leur contraction, la position de l'aryténoïde dans un plan horizontal. L'ouverture glottique reste triangulaire.
Inspiration forcée
Quand les aryténoïdes ont glissé au maximum sur la surface articulaire, ils pivotent en arrière autour d’un axe vertical passant par le sommet de la pyramide aryténoïdienne, sous l'action de la contraction plus importante du CAP. L'apophyse vocale s'écarte de la ligne médiane, l'ouverture glottique est pentagonale.
Les aryténoïdes, au cours de l’inspiration, présentent donc d'abord un mouvement de glissement vers l'extérieur sur la surface articulaire cricoïdienne, puis lorsqu'il s'agit d'une inspiration forcée, pivotent vers le dehors, augmentant ainsi l'ouverture glottique.
Ce mouvement entraîne un déplissement des cordes vocales, d'autant plus grand que l’inspiration est profonde.
L'ouverture est maximale dans le bâillement: l’abaissement maximal du diaphragme a pour conséquence de tirer vers le bas l’apophyse musculaire des aryténoïdes. La pyramide aryténoïdienne, déjà localisée à la partie latérale du chaton cricoïdien, subit alors un mouvement de bascule vers le dehors et le bas, écartant encore d’avantage les cordes vocales (plicature encore moins marquée).
Sur le plan pratique, la respiration basse abdomino-thoracique favorise la position basse du larynx et la détente des cordes vocales.
L’inspiration pré-phonatoire, en fonction de son importance, modifie la position des aryténoïdes et l’action de leurs muscles moteurs (CAL et CAP).
Ainsi, la mise en position phonatoire des cordes vocales survenant après une inspiration non forcée (qui reste dans la partie moyenne du VRI), est facile, par simple contraction du muscle AA qui rapproche les aryténoïdes l’un contre l’autre.
Si l’inspiration est forcée (maximum du VRI), la glotte est pentagonale par action majorée du CAP. L’accolement des aryténoïdes nécessitera l’action du AA mais également du CAL pour repositionner correctement l’aryténoïde qui avait pivoté vers le dehors au cours de l’inspiration pré-phonatoire.
Un équilibre doit donc être trouvé, entre l’importance du volume inspiré et le travail de mise en position phonatoire qui en découle...
Lorsque cet équilibre est défaillant, l’hypertonie compensatrice du CAL va apparaître à l’examen sous la forme d’une déformation du bord libre des cordes, en regard de l’extrémité antérieure de l’apophyse vocale des aryténoïdes, posant parfois le diagnostic erroné de «nodules postérieurs».
Cet aspect glottique nous renseigne sur le fonctionnement pneumo-phonatoire du patient, donnant des pistes pour le travail vocal.
1-2- Pendant l'expiration
Le diaphragme se relâche, ce qui entraîne sa remontée passive, ainsi que celle de l’ensemble de l’appareil broncho-pulmonaire. Le larynx remonte, les aryténoïdes reprennent passivement leur place en position de repos respiratoire sur le chaton cricoïdien. La plicature se ré accentue, la glotte se rétrécit.
Comme pendant la respiration ventilatoire, la phase de retour à la position de repos du larynx se fait de manière passive, par relâchement des muscles et action des forces élastiques.
2- La phonation
La plicature qui correspond à la corde vocale augmente par rapprochement des aryténoïdes, alors que la plicature des bandes ventriculaires n’augmente normalement pas. On parle de sphincter à faible pression: les cordes vocales s’acollent au niveau de leur bord libre, empêchant l’écoulement libre de l’air dans les voies aérifères.
On verra plus loin, dans un chapitre à part, la physiologie de la phonation.
3- Les efforts musculaires à glotte fermée
Au cours des efforts à glotte fermée (toux, accouchement, défécation, soulèvements d'objets lourds, soulèvement du corps à partir des bras...) le larynx se ferme automatiquement au niveau des cordes vocales et des bandes ventriculaires. Il s'agit d'un sphincter à forte pression.
L'air pulmonaire ne pouvant être expiré, le thorax devient un point d’appui fixe pour la musculature. L'effort développé au niveau des bras, des épaules, de la ceinture abdominale ou des membres inférieurs, prend alors appui sur la cage thoracique bloquée en apnée inspiratoire.
Les efforts musculaires réalisés en apnée inspiratoire sont très puissants. L’accolement des bandes ventriculaires et des cordes vocales se fait avec des pressions très importantes. L’air accumulé sous la glotte fermée est soumis lui aussi à une très forte pression (pression sous-glottique): si cette pression est relâchée brutalement, d’autant plus si ce relâchement est accompagné d’une production vocale, le traumatisme de la muqueuse des cordes vocales, par «cisaillement» au contact du passage de l’air libéré à grande vitesse, est possiblement responsable de lésion (polypes).
4- La déglutition
L’humain adulte, contrairement à son cousin primate et au jeune enfant, ne peut pas déglutir et respirer dans le même temps.
Au cours de l’évolution des espèces en effet, le larynx est descendu dans le cou chez l’homme, formant une cavité pharyngée volumineuse dont le rôle dans le phénomène de résonance et dans la parole est important.
Certains anthropologues ont pensé qu’il s’agissait-là de la source de la présence unique du langage articulé chez l’humain...
La position haute du larynx chez le bébé (comme chez les primates), permet au voile du palais de s’accoler à la face postérieure de l’épiglotte et de déterminer ainsi un canal respiratoire isolé de la voie alimentaire, permettant à la respiration et à la déglutition de se réaliser dans le même temps.
Chez l’humain adulte, la position basse du larynx oblige les 2 voies, digestives et respiratoires, à se croiser en empruntant toutes 2 le pharynx. Le larynx devient un sphincter qui ferme la voie aérienne pendant la déglutition.
Le larynx adulte, au cours de la déglutition, doit empêcher le passage du bol alimentaire vers les voies respiratoires et aiguiller ce bol vers la bouche de l’œsophage par l’intermédiaire des sinus piriformes. Il s’agit d’une fonction vitale : on peut mourir suite à une fausse route alimentaire !
Un triple verrouillage se met en place pour assurer une fermeture parfaitement étanche des voies aériennes.
- Fermeture des cordes vocales
- Fermeture des bandes ventriculaires
- Bascule de l'épiglotte sur les aryténoïdes
Cette triple fermeture est de plus complétée par l ‘ascension du larynx dans son ensemble qui vient se loger sous la base de langue.
Il s'agit d'un sphincter à très forte pression.
Lorsque l’on s’intéresse à un trouble de la phonation, de la voix, il est indispensable de s’assurer d’abord de la normalité des autres fonctions laryngées, et en particulier, la déglutition et la respiration. En effet, une atteinte d’une de ces fonctions représente potentiellement un risque vital qu’on se doit de régler avant d’entreprendre un bilan vocal fonctionnel.
III- Mécanique vibratoire des cordes vocales
I- Rappel historique
Il semblerait que Léonard de Vinci, au cours de ses dissections de cadavres, a observé le rôle des cordes vocales dans la production de la voix.
En 1741, FERREIN, expérimentant des larynx de cadavres, montre que la corde vocale
vibre sous l'action de l'air expiré et produit le son. Un larynx de cadavre, dans lequel on fixe
artificiellement les aryténoïdes au contact l’un de l’autre, peut produire du son lorsque l’on fait passer de l’air entre les cordes vocales (avec un soufflet de cheminée en l’occurence). Ferrein en déduit que la production du son est lié à la vibration passive des cordes vocales.
En 1898, EWALD explique la vibration laryngée par la théorie dite « myo-élastique » : la vibration des cordes vocales se produit passivement sous l'influence de l'air expiré; les paramètres acoustiques du son émis dépendent uniquement de la pression sous glottique et de la tension des cordes vocales.
En 1950, HUSSON, critiquant les insuffisances de la théorie myo-élastique, propose une théorie diamétralement opposée, dite « neurochronaxique » : les cordes vocales ne vibrent pas sous l'influence de l'air expiré, mais se contractent activement à une fréquence qui dépend des influx moteurs qui parviennent au muscle vocal, par l'intermédiaire du nerf moteur du larynx, le nerf récurrent.
Cette théorie, longtemps séduisante, a finalement été totalement abandonnée car elle allait contre la neurophysiologie et la pathologie.
Actuellement, et depuis une trentaine d'années, l'explication physiologique retenue dérive de la «théorie myo-élastique aérodynamique », établie successivement par les travaux de Van den Berg, complètée par ceux de Titze, Hirano, Dejonckere, Giovanni...
II- La théorie myo-élastique aérodynamique
A- La production sonore
Comme les cordes d’un instruments sont à l’origine du son musical, la vibration des cordes vocales est à l’origine de la phonation.
Mais, dans le cas d’un instrument, l’impulsion à l’origine de la vibration de la corde est extérieure à l’instrument: doigt pour la guitare, archet pour le violon, marteau pour le piano...
Au niveau du larynx, la mise en vibration des cordes vocales se fait sous l’influence de l’air expiré. Pour que celui-ci puisse déclencher la vibration, les cordes doivent d’abord interrompre l’écoulement de l’air, le stocker dans la sous-glotte afin d’en augmenter la pression, et enfin le libérer pour que celui-ci déclenche et entretienne la vibration...
1- Mise en position phonatoire des cordes vocales
Pour que les cordes vocales puissent vibrer, il faut d'abord qu'elles viennent au contact de l'une de l'autre, c'est-à-dire qu'elles se ferment pour bloquer l’écoulement de l’air expiré.
Cette mise en position phonatoire, ou adduction (l’abduction étant l’écartement des CV au cours de la respiration), est produite par rapprochement des aryténoïdes sous l'action du muscle interaryténoïdien.
Lorsque ce mouvement s'est effectué, les cordes vocales sont en contact et leur point d'insertion postérieur aryténoïdien est solidement fixé.
Pendant toute la durée de la phonation, de la rhèse, le muscle AA reste contracté, assurant par le verrouillage postérieur, l’accolement des cordes au niveau de leur bord libre, de la commissure antérieure à la commissure postérieure. Les cordes sont dans leur position d’équilibre. Si les bords libres s’éloignent de cette position de repos, des forces élastiques de rappel vont naître, tendant à les ramener dans leur position de repos.
2- Description de la vibration laryngée
Depuis l'apparition de la cinématographie ultrarapide en 1940 (FARNWORTH), les modalités vibratoires des cordes vocales ont été parfaitement étudiées.
2-1- Description générale
La théorie myoélastique classique d’Ewald fait appel à deux forces opposées : la pression sous-glottique et la pression d’accolement des cordes vocales (assurée par la contraction des AA).
L’augmentation de la pression sous-glottique, devenant alors supérieure à la pression d’accolement des cordes vocales permet l’écartement des cordes vocales. Si, comme le pensait EWALD, il s’agissait là des seuls facteurs à intervenir, alors le système parviendrait à un état d'équilibre où les cordes vocales resteraient écartées dans une position moyenne jusqu'à la fin de l'expiration. La théorie d’Ewald est donc incomplète.
Un nouveau facteur a alors été introduit, reposant sur la forme anatomique globale des cavités laryngées, dessinant un cylindre rétréci à son extrémité supérieure, la glotte, pour s'élargir de nouveau ensuite. Or, lorsqu'un flux d'air laminaire traverse un tube à diamètre variable, avec une vitesse minimale, le flux d'air devient turbulent au niveau du rétrécissement et provoque un effet d'aspiration, de succion, tendant à rapprocher puis fermer les lèvres du rétrécissement (effet ou phénomène de BERNOUILLI).
Donc, quand les cordes vocales sont en position d'adduction, la colonne d’air mise en mouvement par les forces expiratoires, rencontre la barrière des cordes vocales. La pression sous-glottique naît puis augmente et tend à pousser puis écarter les bords libres des cordes vocales, jusqu'au moment où une petite quantité d'air va s'échapper.
Dès que cette petite quantité d'air («puff» d'air) s'est échappée, les bords libres se rapprochent à nouveau sous un triple effet :
- la pression sous glottique moins forte
- la force de rappel élastique des cordes vocales
- le phénomène de BERNOUILLI
Dès que les cordes vocales se sont refermées, les forces expiratoires étant toujours en action, le même phénomène d'écartement se reproduit périodiquement, entretenant de nouveaux cycles vibratoires. La fréquence de leur reproduction représente la fréquence de la voix ou hauteur tonale.
Ces petits «puff » d'air représentent l'énergie aérienne : ils sortent de la glotte de manière rythmique et peuvent être assimilés à des impulsions acoustiques. C'est la démonstration de la structure discontinue du son: il y a transformation de l'énergie aérienne (continue) en énergie acoustique (discontinue).
En résumé : les cordes vocales, en position phonatoire (accolées l’une à l’autre), voient leurs bords libres s'écarter de la ligne médiane et y revenir de façon périodique. La phase d’ouverture de ce cycle est liée à l’augmentation de la pression sous-glottique, elle-même conséquence de l’augmentation de la pression expiratoire (action des muscles expirateurs).
Les cordes écartées laissent échapper un puff d’air qui va créer les forces responsables de la phase de fermeture du cycle vibratoire :
-ce puff d’air échappé contribue à la diminution de la pression sous-glottique qui revient à une valeur proche de celle de la pression d’accolement des CV
-le bord libre, élastique, écarté de sa position de repos phonatoire tend à reprendre sa position, grâce aux forces de rappel élastique
- le puff d’air, assimilable à un fluide, crée au niveau des cordes une force d’aspiration (phénomène de Bernouilli)
Donc : une force pour la phase d’ouverture (augmentation de la pression sous glottique), 3 forces pour la phase de fermeture (baisse de la pression sous glottique, forces de rappel élastiques, phénomène de Bernouilli).
a- La vibration vocale
Au cours de la phonation, les bords libres des cordes vocales, d’abord accolés l’un contre l’autre, vont s’écarter puis revenir à la position accoler. A la phase d’ouverture de la glotte, succède la phase de fermeture. Un cycle vibratoire correspond à l’ouverture puis à la fermeture des cordes.
Ce mouvement cyclique a lieu dans un plan horizontal.
b- L’ondulation vocale
Les différentes techniques d’examen de la vibration vocale ont montré que le mouvement vibratoire est complexe, avec un décallage entre les déplacements de la partie inférieure et la partie supérieure du bord libre de la corde vocale.
Ainsi, ce décalage fait naître un autre mouvement au niveau du bord libre: celui-ci se propage de bas en haut, dans un plan frontal.
Cette ondulation correspond aux mouvements de la muqueuse des cordes vocales qui, glissant sur le plan profond, se soulève comme une vague. Il s’agit de véritables ondulations de la muqueuse, se propageant de bas en haut sous l'effet du courant expiratoire, et possibles grâce à l'espace de glissement de REINKE.
Ainsi, le mouvement vibratoire normal de la corde vocale se fait dans les trois plans de l'espace, avec une composante principale horizontale (vibrations du bord libre de la CV). Mais dans le plan frontal, le bord libre présente aussi une dynamique différenciée (ondulations muqueuses) progressant de bas en haut en phonation normale.
2-2- Pour les sons graves
Lors de la mise en position phonatoire pour la production de sons graves, les cordes vocales semblent courtes et boudinées. Il existe une tension faible, à la fois dans le muscle vocal et dans les muscles qui fixent les aryténoïdes.
Les cordes sont accolées sur toute la hauteur de leur bord libre.
À chaque vibration, les cordes vocales présentent un mouvement d'ouverture et de fermeture de forme complexe : l'ouverture débute par la partie inférieure du bord libre de la corde vocale, puis se poursuit par un mouvement vers le haut et le dehors. La fermeture débute également par la partie inférieure du bord libre et intéresse secondairement toute la hauteur du bord libre de la corde vocale.
Il existe donc une différence de phase dans un plan vertical.
Par ailleurs, l’ondulation muqueuse est ample et se propage jusqu'à l'entrée du ventricule de Morgani.
L'amplitude vibratoire est importante, de l'ordre de 3 à 5 mm.
2-3- Pour les sons aigus
Les cordes vocales apparaissent minces et tendues et s'allongent de plusieurs mm. Elles ne s’accolent qu’à la partie haute de leur bord libre.
Les mouvements vibratoires sont plus simples. Les phases d’ouverture et de fermeture se font d’un seul tenant, sans différence verticale de phase au cours des mouvements vibratoires.
L'amplitude vibratoire est plus faible (1/2 à un mm). Les ondulations muqueuses sont présentes mais nettement moins amples que dans le mécanisme lourd et n’intéressant que le bord libre et la partie jouxtante de la face supérieure de la corde.
Pour aller plus loin:
Micro-anatomie laryngée: innervation et sous-systèmes phonatoires