SYNTHESE

 

VOIX PARLEE, VOIX CHANTEE



Synthèse : la production de la voix




I- Le son de la voix


A- Rappel : qu'est-ce qu'un son ?


Le son est un phénomène vibratoire qui se propage dans l’espace grâce à un support physique.

Il existe d’autres phénomènes vibratoires qui se propage comme le son: par exemple, lorsque l’on jette une pierre dans l’eau, il se forme une série de vaguelettes qui s’éloignent du point de pénétration de la pierre, et se propagent de manière concentrique à la surface de l’eau. L’eau est dans ce cas le support physique du phénomène vibratoire déclenchée par la pénétration de la pierre.




Le son est un phénomène vibratoire qui se propage dans les 3 dimensions de l’espace, de manière analogue à l’onde créée par la pierre jetée dans l’eau.

Les sons sont créés par les vibrations d’objets matériels. Ces vibrations provoquent une perturbation des molécules constituant l’objet mais également de celles se trouvant à proximité de lui. Ces molécules sont mises en mouvement, et elles vont s’éloigner de leur position d’équilibre puis y revenir.


Le son se propage dans l’air, comme dans tout milieu contenant des molécules.

L’air qui nous entoure a partout la même pression: le nombre de molécules par unité de volume est stable. Suite à la vibration d’un corps (comme la branche du diapason ou de la corde vocale) des molécules d’air vont être déplacées de leur position d’équilibre puis vont y revenir. Au cours de ce déplacement, on va trouver des zones où il y aura plus de molécules d’air dans la même volume (zone de compression) et des zones où il y en aura moins (zone de dilatation ou de dépression).

Les molécules déplacées par les vibrations de l’objet vont perturber les molécules voisines qui, à leur tour, vont s’éloigner de leur position d’équilibre puis y revenir, modifiant à leur tour le nombre de molécules par unité de volume (compression et dilatation de l’air).











On a ainsi propagation dans l’espace de zones de compression (zones où les molécules se trouvent en collision) et de zones de dilatation (zones où les molécules sont éloignées). De proche en proche, cette variation de pression se propage dans l’espace sous la forme d’une onde. Les molécules ont un mouvement d’aller-retour autour de leur position d’équilibre mais elles-mêmes ne se déplacent pas dans l’espace. C’est l’onde consitutuée par les variations de pression qui se propage. Pour se propager, celle-ci a donc besoin de molécules: dans le vide, il n’y a pas de support pour la propagation de l’onde de pression, donc pas de son...













Les vibrations peuvent être organisées, régulières, se reproduisant, égales à elles-mêmes au bout d’un certain temps qu’on appelle période : les sons sont dits périodiques et on peut les représenter sous forme sinusoïdale.















Ces vibrations périodiques peuvent être émises en même temps, par des portions différentes du même objet : le son émis est alors complexe, composé de l’addition de plusieurs sons purs (ex: note d’un instrument de musique).






















Les vibrations peuvent être anarchiques, apériodiques : il s’agit alors de bruits (ex :claquement de mains).
















Conclusion


Le son est un phénomène vibratoire se propageant dans l’espace. Pour le faire naître, il faut une déformation d’un corps sous l’action d’une force, et il faut que ce corps soit placé dans un milieu élastique (comme l’air, l’eau, ou tout milieu contenant des molécules). La déformation du corps perturbe l’organisation moléculaire du milieu, faisant naître, du fait de son élasticité, des zones de compression et des zones de dilatation. L’onde sonore est constituée par cette alternance de variations de pression, véritable ondulation qui se propage dans le milieu à partir du corps vibrant. Notre système auditif est un capteur de variation de pression: véritable transducteur, il va transformer l’énergie mécanique de l’onde sonore en énergie électrique qui deviendra, au niveau du cerveau, une sensation sonore...





Voix parlée, voix chantée....


La voix parlée comprend l ‘émission de voyelles et de consonnes. Sur le plan vibratoire, chacun de ces éléments se distingue essentiellement par sa régularité :

- la production d'une voyelle aboutit à une courbe sinusoïdale périodique complexe :

sinusoïdale : parce que le son est une suite de modifications de pression d'air qui oscillent régulièrement autour d’une position d’équilibre

périodique : parce que la vibration se reproduit régulièrement au bout d'un certain temps (ou période, dont l'inverse est la fréquence)

complexe : parce que le son peut être décomposé en plusieurs courbes vibratoires caractérisées chacune par une fréquence (son pur).


- la production d'une consonne aboutit à un bruit (phénomène sonore apériodique).


La voix comporte essentiellement du son, porté par les voyelles, mais également des bruits représentés par les consonnes. La voix représente donc le support acoustique de la parole.




En tant que matériau sonore, la voix peut être décomposée en différents paramètres : la fréquence, l'intensité, le timbre.






A-la fréquence de la voix


1-Définition de la hauteur tonale

La hauteur tonale est une donnée purement psychologique, liée à la fréquence du son et à sa position relative dans la gamme. C’est la réponse à la question : « quelle note est-ce ? » ou bien, « cette voix est-elle aiguë ou grave ? ».

La hauteur tonale est liée à la fréquence de vibration d’une corde, d’une colonne d’air ou de toute autre source sonore.

Si une corde vibre et réalise 60 allers-retours par seconde, on dit qu’elle a une fréquence de 60 cycles/seconde ou de 60 Hz.

La vibration de la corde déplace des molécules d’air se trouvant à proximité d’elle, et celles-ci se déplacent alors à la même vitesse,, et atteignent notre tympan qui se met à vibrer à la même fréquence.

Tandis que la distance que parcourt la corde à chaque oscillation se traduit dans notre cerveau en terme d’intensité, la vitesse d’oscillation se traduit en terme de hauteur tonale.

La fréquence d’oscillation dépend essentiellement de la longueur de la corde et de sa tension, mais pas de la force avec laquelle elle est percutée.


Le « La 3 » du diapason a une périodicité de 440 Hz : les branches du diapason vibrent donc 440 fois par seconde, déplaçant aisi au même rythme les molécules d’air se trouvant à proximité.

Un corps lourd vibre moins qu'un corps léger, un corps rond vibre moins qu'un corps long, un corps long vibre moins qu'un corps court.

Plus la fréquence est élevée, plus la vitesse de vibration est rapide, plus le son est aigu.

La progression de la hauteur est logarythmique, c'est-à-dire que l'intervalle entre 220 et de 440 Hertz est le même que celui entre 110 et 220 Hz : il s'agit de l'octave.



2-fréquence usuelle de la voix

Pendant la parole, la hauteur de la voix oscille autour d'une fréquence moyenne qui est stable pour un même sujet : il s'agit du fondamental usuel de la parole.

La hauteur tonale moyenne d’une voix parlée est la traduction dans notre cerveau de la fréquence fondamentale des cordes vocales, F0. Elle correspond à la fréquence vibratoire de la corde vocale dans son entier. Dans la fourniture laryngée, c’est la fréquence la plus grave produite. Toutes les autres fréquences perçues par notre cerveau nous donneront des informations sur le timbre de la voix.


Cette fréquence moyenne de la parole est variable selon qu'il s'agit d'un enfant, d'une femme ou d'un homme.

À l'intérieur de ces trois catégories, il existe des différences individuelles importantes, dépendant de facteurs anatomo-physiologiques, familiaux, socioculturels, professionnels...

La hauteur de la voix varie également selon le type d'utilisation vocale : lors de la lecture, de l'utilisation de la voix projetée, du cri, la fréquence laryngée diffère et est souvent plus élevée.



3-variations de fréquence

La fréquence de la voix varie en permanence au cours de la parole, et ces variations constituent la « mélodie » de la voix parlée.

Les variations de hauteur au cours de la parole sont en premier lieu liées au système linguistique utilisé. Dans la plupart des langues européennes, la mélodie sert surtout à préciser le sens de la phrase. Dans certaines langues d'Afrique ou d'Extrême-Orient, les variations fréquentielles ont une valeur sémantique, permettant la différenciation des mots.

Par ailleurs, les variations mélodiques au cours de la parole permettent l'expression de l'état psychoaffectif dans lequel la personne se trouve (surprise, plaisir, colère, chagrin...).

C'est dans la voix du jeune enfant que l'on trouve les variations de fréquence les plus importantes (dépassant l'octave). À l'inverse, en cas de surdité profonde, la mélodie de la voix est considérablement perturbée.


4- Le contrôle de la hauteur

La hauteur de la voix dépend de la longueur et de la tension des cordes vocales. Les caractéristiques anatomiques, héritées génétiquement, sont un premier facteur de détermination de la hauteur d’une voix.

Mais à l’intérieur de ses caractéristiques morphologiques liées à son héritage, chaque individu a la capacité de faire varier la hauteur de sa voix en jouant sur la longueur et la tension de ses cordes, et d’une manière générale sur le portion vibrante de ses cordes.


Chaque individu, dans la voix parlée, peut émettre les sons de 2 manières différents : en mécanisme léger ou en mécanisme lourd.

Le mécanisme lourd produit plutôt des sons graves. La variation de la hauteur dans ce mécanisme fait intervenir plusieurs contrôles musculaires intrinsèques : le niveau de contraction du muscle TA et le niveau de contraction du muscle CAL.

Le mécanisme léger fait intervenir lui aussi plusieurs mécanismes musculaires intrinsèques pour la production des sons aigus : le niveau de contraction du muscle CT et le niveau de contraction du muscle CAL.


D’autres mécanismes existent pour venir compléter les actions laryngées dans le contrôle de la hauteur :

-augmentation de la pression sous-glottique

-utilisation des résonateurs pour renforcer une zone fréquentielle particulière


5- mécanismes et voix parlée


En voix parlée, les hommes utilisent le mécanisme 1.

Les femmes utilisent les 2 mécanismes, plus souvent le 2 et certaines le 2 exclusivement.

Dans certaines cultures l’utilisation du mécanisme 2 dans la voix masculine est possible.


Le passage de l’un à l’autre des mécanismes vibratoires est lié à la dynamique des notes extrêmes de chaque mécanisme : dans les fréquences graves de chaque mécanisme, il est difficile d’augmenter la puissance de la voix, tandis que dans l’aigu de chaque mécanisme, il est difficile d’utiliser des sons faibles.

Ainsi certaines femmes vont avoir tendance, pour avoir une bonne efficience vocale, à passer de manière très fréquente dans le mécanisme 1 : se trouvant à la partie aiguë de leur mécanisme lourd, l’intensité est plus  facile à élever. Mais la configuration des cordes dans ce mécanisme exige un contrôle important de la pression sous glottique, ce qu’elles ne savent pas toujours faire. Elle peuvent alors compenser le défaut d ‘élévation de la pression sous glottique par des attaques en « coup de glotte » qui les conduit directement vers la pathologie nodulaire…


Le rendu acoustique de la hauteur d’une voix nous est donc donné :

- par la fourniture laryngée : la valeur du fondamental  F0 va dépendre du mécanisme laryngé utilisé.

Pour les femmes, il est plus économique sur le plan énergétique de produire la voix dans le mécanisme 2. Cela ne veut pas dire que toutes les femmes doivent avoir des voix aiguës ou de gamines….

- par le modelage de la voix par les résonateurs : ils permettent de conformer différemment la fourniture laryngée par le biais du registre résonantiel…


B-intensité de la voix


1-définition

Le volume d’un son est un concept purement psychologique qui touche à la quantité d’énergie produite par un instrument.

L'intensité d'un son est une énergie, énergie sonore, qui correspond à l'amplitude du son. C'est ce qui fait dire qu'un son est faible ou fort.

L'unité de mesure du son est le décibel (dB) : il s'agit là aussi d'une échelle logarythmique.


Quand on frappe une corde (piano), le choc tend un peu la corde, puis sa résistance naturelle fait qu’elle revient vers sa position initiale, mais la dépasse, va trop loin et essaie à nouveau, dans l’autre sens, de retourner à sa position initiale, tout en la dépassant encore. Elle oscille ainsi autour de sa position initiale, ou position de repos, mais chaque oscillation  couvre un peu moins de distance , jusqu’à ce que la corde cesse complètement de bouger.

La distance que parcourt la corde à chaque oscillation se traduit dans notre cerveau en terme de volume, tandis que la vitesse d’oscillation se traduit en terme de hauteur tonale.

La distance dépend de la force avec laquelle on frappe la corde.



2-intensité de la voix

L'intensité de la voix varie dans des proportions considérables depuis la voix chuchotée (20 à 30 décibels) jusqu'au cri qui peut atteindre pour certains d'entre nous 110 décibels.

On peut décrire une intensité moyenne usuelle, qui correspond à celle qui est utilisée habituellement dans la conversation. Cette intensité de la voix conversationnelle se situe autour de 60 décibels.

Au cours de la parole, les variations d’intensité sont très importantes, ne serait-ce que pour ce qui concerne les voyelles (éléments acoustiques très énergétiques mais peu informatifs) et les consonnes (éléments acoustiques très informatifs, mais peu énergétiques).

Selon le code linguistique utilisé, on note également une variation de l’intensité en fonction de la position de la syllabe dans le mot.

Par ailleurs, l'intensité moyenne usuelle varie énormément d'un sujet à l'autre ; elle aussi dépend de facteurs anatomo-physiologiques, mais surtout des habitudes vocales remontant à l'enfance.


3- le contrôle de l’intensité

Intuitivement, la façon la plus logique d’augmenter le volume de la voix est d’augmenter le trajet parcouru par le bord libre de la corde vocale lors de sa vibration.

Ceci peut être obtenu par une mise en position phonatoire brutale (« coup de glotte »), qui, en plaquant violemment les cordes l’une contre l’autre déclenche un mouvement vibratoire avec une amplitude importante.

Ce mécanisme, souvent utilisé par les patients dysphoniques, est source de lésion de la muqueuse des cordes vocales, ce qui diminue l’efficience vocale et les fait entrer dans le cercle vicieux du forçage vocal où, plus on force, moins la voix est bonne et moins la voix est bonne, plus on force…


Une façon plus efficace d’augmenter le volume sonore est d’augmenter la pression sous-glottique, c’est à dire les forces expiratoires .

La meilleure solution pour augmenter le volume mais également la portée d’une voix est d’utiliser les résonateurs qui vont renforcer le cas échéant, les éléments linguistiques de la parole ou certaines harmoniques dans le cas de la voix chantée.


C-le timbre de la voix


1-définition

Le timbre d’un instrument permet de le distinguer d’un autre, lorsqu’ils jouent la même note. Il s’agit d’une sorte de couleur tonale, liée aux harmoniques produites par la vibration de l’instrument.

Le timbre de la voix est la résultante de la transformation et du modelage du son laryngé par les cavités de résonance.


Si l'on prend l'exemple d'un corps en vibration, chaque partie de ce corps vibre pour son propre compte, à une fréquence définie :

- la moitié du corps vibre deux fois plus vite que le corps en entier

- le tiers du corps vibre trois fois plus vite que le corps en entier

Chaque fréquence est audible par l'oreille : ce sont les harmoniques du son émis par le corps en vibration.

Le timbre est l’audibilité des harmoniques.

Le timbre de la voix est la résultante de la transformation et du modelage du son complexe laryngé par les cavités de résonance.

Les harmoniques dont l'intensité est la plus importante composent, pour les voyelles, les formants significatifs permettant de les identifier.


2-timbre vocalique et extra-vocalique

le timbre vocalique correspond aux zones formantiques et varie pour chaque voyelle. Il représente les traits acoustiques fondamentaux qui sont communs à tous les sujets et qui permettent l'identification des voyelles quelle que soit la personne qui parle.

Le timbre extra-vocalique correspond à la partie du spectre acoustique qui varie en fonction de la personne. Ce timbre est caractéristique de chaque individu, puisqu’il dépend de la forme et de la taille des résonateurs, mais également de la façon dont l’individu contracte ou au contraire relâche les organes qui participent au phénomène de résonance.



II-la voix chantée



Dans l'utilisation de la voix parlée et chantée, l'organe est le même, mais utilisé différemment.

Le chant emprunte ainsi à la voix parlée ses éléments de base. Chez un sujet non entraîné, le timbre de la voix chantée est très proche de celui de la voix parlée. De même, la note spontanée par laquelle on commence à chanter est souvent très proche du « fondamental usuel de la parole».

Avec le chant, on aborde l’art de la voix, avec ses exigences physiologiques, psychologiques et esthétiques.



A-étendue vocale et tessiture


Les hauteurs utilisées dans le chant permettent un écart mélodique bien supérieur à celui de la voix parlée, où il n'est en moyenne que d'une quarte. Le fondamental de la voix parlée se situe dans la partie basse de la tessiture.


L'étendue vocale est l'ensemble des notes qu'un individu peut émettre, alors que la tessiture est la partie de l'étendue vocale dans laquelle le chanteur est à l'aise et le timbre homogène. Elle est en principe de 2 voire 3 octaves.


La voix humaine, en tenant compte de toutes les tessitures, couvre l'étendue de cinq octaves, de Do1 (66 Hz) à Do6 (2100 Hz).


Les registres laryngés correspondent au mécanismes vibratoires des cv et sont déterminés par un ajustement des forces musculaires au sein du larynx.

Au sein d’un même mécanisme, les chanteurs, grâce à leur travail technique, peuvent modifier la qualité de l’émission : on parle alors de registre résonantiel.

Ainsi, certains passages correspondent à des changements de mécanisme laryngé, d’autres à des changements de registre résonantiel.

Le timbre vocal n'est pas homogène sur toute la tessiture, surtout lorsqu'il s'agit de chanteurs inexpérimentés. On a donné le nom de « registre » à l'étendue vocale sur laquelle le timbre reste à peu près identique, et le nom de « passage » aux notes sur lesquels s'effectue le changement de modes de production des sons.

En fonction des sensations vibratoires subjectives ressenties pendant le chant, on parle de « voix de poitrine » et de « voix de tête ».


1-voix masculine

Il existe chez l'homme 2 principaux registres, le registre de « poitrine » est le registre de «fausset » (qui est en fait le registre de « tête »).


1-1-le registre de poitrine

Le mode de production des sons dans le registre de poitrine correspond physiologiquement au «mécanisme lourd » décrit dans le chapitre sur la physiologie laryngée, associée à une position des résonateurs qui vont renforcer les fréquences graves.

Le timbre de la voix de poitrine est riche en harmoniques et l'intensité tend à augmenter au fur et à mesure de la montée de la gamme.

L'émission sonore s'accompagne de sensations vibratoires qui siègent au niveau du thorax.

Ce registre est habituellement utilisé chez l'homme pour la voix parlée ; il possède une étendue importante : il débute à la fréquence la plus grave que le sujet peut émettre (par exemple un do1 pour voix les « basses » profondes), et s'élève jusqu'à une note qui ne dépasse pas mi3/fa3.

Sur les sons aigus émis en voix de poitrine, la pression expiratoire est forte, les muscles laryngés et cervicaux sont tendus et l'intensité sonore est élevée. Si le sujet continue de monter la gamme de cette manière, il se heurte à un obstacle infranchissable : le mécanisme de production de la voix change alors brusquement et l'on passe à la voix «de fausset ».


1-2-le registre de fausset

Le son produit en voix de fausset correspond au mécanisme laryngé de type 2. Il est assez pauvre en harmoniques. L'intensité est plus faible et les changements de volume sonore beaucoup plus limités.

Pendant l'émission sonore, les sensations vibratoires sont ressenties dans la tête.

La voix de fausset à des limites allant de Fa2 dans le grave, jusqu'à une tessiture de soprano dans l'aigu (Do5 pour certains « haute-contre »).


Entre ces deux registres extrêmes, certains pensent qu'il est possible d'utiliser un mécanisme intermédiaire, appelé le registre mixte. De récentes mesures électrophysiologiques ont montré que ce registre n’existe pas sur le plan physiologique laryngé. Le passage du mécanisme lourd au mécanisme léger se fait toujours de manière brutale sur le plan physiologique, étant donné le type d'action musculaire nécessitée par chacun des modes de production des sons. Par contre, sur le plan acoustique, en particulier lorsqu'il s'agit de chanteurs expérimentés, le passage de la voix de poitrine à la voix de tête peut se faire très progressivement, sans cassure dans le timbre, grâce à la configuration des résonateurs qui, en amplifiant certaines fréquences, va lisser acoustiquement le passage de l’un à l’autre des mécanismes.



2-voix féminine

2-1-voix de poitrine

Cette voix peut être utilisée par la femme, notamment dans le chant (alto), mais ne devrait pas être utilisée de manière courante dans la voix parlée (risque de fatigue vocale).

Son étendue est beaucoup plus courte que chez l'homme : elle commence vers Do2 pour les voix les plus graves, et, elle ne dépasse pas Fa3/La3.


2-2-voix de tête

Comme on l’a vu, la voix de tête et la voix de fausset correspondent à l'utilisation du mécanisme léger sur le plan physiologique.

Chez la femme, en voix de tête, on peut atteindre des notes très aiguës (Fa5 de la «reine de la nuit » de Mozart).

Comme chez l'homme, la voix « mixte » n'existe pas en tant que phénomène physiologique, et correspond au passage entre la voix de poitrine et la voix de tête, lissé chez les chanteuses expérimentées.


La notion de mécanisme et de registre correspond donc à une réalité physiologique différente, laryngé et supra-glottique. Cependant, si la hauteur de la note dépend du mécanisme laryngé de production des sons, la beauté du son émis dépend de bien d'autres phénomènes, en particulier du souffle expiratoire et des cavités de résonance. Tous ces éléments participent au classement des voix, qui n'est pas du ressort de l'O.R.L., mais bien de celui du professeur de chant.

Il existe toutefois une certaine relation entre la taille des cordes vocales et le «pupitre» : plus les cordes sont courtes, plus le fondamental laryngé sera aigu, plus les cordes sont longues, plus le fondamental sera grave.





On classe ainsi les voix des plus aiguës aux plus graves :


chez la femme :

- soprano

- mezzo soprano

  1. -alto

  2. -contralto


chez l'homme :

- haute-contre (ou alto)

- ténor

- baryton

- basse



B-le volume sonore


Le volume sonore de la voix conversationnelle varie entre 55 et 65 décibels. La voix chantée peut atteindre 120 à 130 décibels à l'opéra.

Sauf lorsqu'un micro est utilisé, le problème du volume sonore et de la portée de la voix se pose donc pour tous les chanteurs et surtout pour les artistes lyriques.

Le volume sonore dépend :

- de facteurs constitutionnels variant selon chaque sujet (longueur du conduit vocal, taille et forme des résonateurs...)

- de la technique vocale utilisée

- du degré de développement musculaire, qui ne s'acquiert que progressivement, tout au long des études de chant.


Les variations de volume sonore dépendent avant tout de la pression sous-glottique et exigent que par conséquent une très souple adaptation du mouvement respiratoire.




En fonction du mode de production laryngée, les mécanismes physiologiques aboutissant à une augmentation du volume sonore varient.


1-en mécanisme lourd

Pour une augmentation d’ intensité de la voix, c'est par l’élévation de la résistance au niveau des cordes vocales (la force d'accolement des cordes augmente) que se fait l'augmentation de la pression sous glottique.


2-en mécanisme léger

Pour les sons aigus, c'est par l’élévation de la force expiratoire et du débit d'air que se fait l'augmentation de la pression sous glottique et ainsi du volume sonore.



C-le timbre


Le timbre, parmi les trois paramètres du trépied acoustique, est pour le chant la qualité principale.

C'est le timbre extra-vocalique qui donne sa beauté au chant. Ce timbre est lié à la résultante de la combinaison des différents résonateurs entre eux et de leur rétroaction sur la qualité vibratoire laryngée.

Lorsque ce rapport est harmonieux, la vibration laryngée est facilitée, le son est beau, la voix est « bien placée ».


C'est l'émergence de certains harmoniques par rapport à d'autres dans l'ensemble du spectre qui indique la pauvreté ou la richesse du timbre. Par exemple, l'absence de harmoniques graves dans les voix à timbre aigu, et à l'inverse l'appauvrissement en harmoniques aiguës dans les voix graves, rendent ces voix « plates ».


Deux éléments propres au timbre extra vocalique se repèrent plus ou moins facilement :

Le singing formant

Le singing formant est un groupe d’ harmoniques renforcés aux environs de la fréquence de 3200 Hz  chez la femme et 2800 Hz chez l'homme. Il représente la portée de la voix, et permet à la voix chantée d'être entendue par-dessus l'orchestre, parce que cette zone de fréquences n'est pas produite par les instruments de la fosse (on dit que la voix « porte »).


Le vibrato

Le vibrato correspond à des variations de hauteur qui se produisent 5 à 7 fois par seconde et qui oscillent de 1/4 à ½ ton, avec trois décibels d'amplitude.

Ces vibrations se surajoutent aux vibrations vocales.

Le vibrato s'entend comme une qualité de la voix et provient de variations périodiques de l'activité musculaire respiratoire et laryngée. Il ne s'établit que lorsqu'une certaine fréquence est atteinte. La sensation est euphorisante et facilitante pour le chanteur, et relaxante pour l'auditeur.

En son absence, on dit qu'on chante « droit ». Un vibrato trop ample devient un «trémolo», un vibrato trop lent fait dire que la voix « bouge ».


D-le réglage de la justesse


Chanter juste, c'est reproduire avec exactitude les intervalles correspondant au code musical. Les paramètres, hauteur, intensité, timbre, durée, rythme, sont à respecter.


Deux conditions sont nécessaires :

- l'aptitude auditive doit fixer avec exactitude ces paramètres dans la mémoire

- le son mental doit être transformé en son réel par l'appareil vocal


La voix permet des variations plus fines que la majorité des instruments. L'autocontrôle se fait à deux niveaux :

le feedback auditif :

L'autocontrôle porte tout à la fois sur la note (hauteur), le volume (intensité) et sur le timbre (c'est-à-dire sur la répartition et le renforcement des harmoniques dans le spectre).

Le contrôle auditif de sa propre voix pour le chanteur est plus ou moins bon selon le degré de réverbération de la salle et selon la présence ou non de public.


le feedback proprioceptif :

Le chanteur utilise aussi ses sensations proprioceptives, perçues dans les cavités de résonance et dans le larynx, pour bien placer sa voix.



Le travail de la technique vocale nécessite donc une bonne connaissance, au moins intuitive, de ces phénomènes, qu'ils soient physiologiques ou acoustiques. L'élément le plus important reste le travail de mémorisation du schéma vocal, basé sur les sensations proprioceptives et sensorielles, nécessairement très long dans le temps.