La dysphonie spasmodique
La dysphonie spasmodique
Les dysphonies spasmodiques
I-DESCRIPTION
1-Définition
La dysphonie spasmodique est une dysphonie fonctionnelle d'origine neurologique. Il existe chez les patients atteints, un trouble de la transmission de l’information neurologique entre le nerf et le muscle (AA, CAL, TA ou CAP).
Elle se manifeste par des spasmes laryngés, au début de façon intermittente : étranglement bref de la voix, avec limitation de l'intensité et étouffement du timbre.
La fréquence est rare dans la population, cette pathologie touche plus fréquemment les femmes que les hommes, le début se situant le plus souvent à partir de 40 ans.
Le trouble est d'abord progressif, rarement brutal (contrairement à L’aphonie psychogène).
2-Aspects cliniques
Il existe deux grandes formes cliniques de dysphonie spasmodique, différentiables sur le plan acoustique.
· Dysphonie spasmodique par atteinte des muscles adducteurs (AA et CAL) :
Il s'agit de la forme la plus fréquente, représentant 80 % des cas.
La voix est classiquement hachée, ponctuée d'arrêts vocaux ; le comportement de forçage est massif, la coordination pneumophonatoire mauvaise, les désonorisations intermittentes.
· Dysphonie spasmodique par atteinte des muscles abducteurs (CAP) :
Cette forme clinique est beaucoup plus rare ; la voix est de faible intensité, soufflée, consistant en un voisement qui fait penser au chuchotement, et ce malgré les efforts musculaires importants réalisés par le patient. Le comportement de forçage vocal est là aussi massif.
Quelle que soit la forme clinique, l'aspect acoustique est variable d'un patient à l'autre. La voix chantée est possible mais souvent imparfaite, la lecture aggrave la symptomatologie et aboutit souvent à un blocage complet.
La fatigue, le stress, les émotions aggravent les troubles de la voix.
Sur le plan phonatoire, le temps maximum de phonation sur une voyelle tenue est abaissé, le fondamental laryngé n'est pas modifié.
À l'examen au miroir, au repos, le larynx est normal.
Dans la dysphonie spasmodique en adduction, au cours de la phonation, on note une participation excessive des bandes ventriculaires qui se rapprochent vers la ligne médiane, et une mobilisation saccadée et heurtée des cordes vocales.
Dans la dysphonie spasmodique en abduction, au cours de la phonation, on note un défaut d'accolement important des cordes vocales quelle que soit la note émise.
En vidéolaryngostroboscopie, on précise les troubles de la motricité laryngée : il existe une nette diminution des ondulations au niveau des cordes vocales. L'augmentation du tonus des muscles TA s'oppose à la formation des ondulations de la muqueuse de la corde vocale.
3-Electromyographie laryngée
Il s'agit de l'examen clé pour le diagnostic des dysphonies spasmodiques. Il fait la preuve de l’atteinte dystonique des muscles laryngés par l'enregistrement de l'activité électrique musculaire.
Il existe une hyperactivité de repos au niveau des muscles TA (normalement au repos, il n'y a pas d'activité électrique) ; en phonation, on enregistre un renforcement de l'activité de repos.
Ce signe électrique est pathognomonique des dysphonies dysfonctionnelles, il signe l'altération de la neurotransmission.
4-Thérapeutique
· traitement fonctionnel :
Il s'agit, comme pour la rééducation orthophonique des pathologies neurologiques, d’aider le patient à trouver une meilleure efficacité vocale malgré ses difficultés phonatoires. La rééducation va donc s'appuyer sur la respiration et les techniques de relaxation. Elle est forcément longue, et malheureusement pas toujours très efficace.
Pour certains patients, le stress est un élément favorisant les difficultés vocales dans le cadre de cette pathologie, et une prise en charge dans le cadre d'un soutien psychothérapique peut s'avérer nécessaire.
· Traitement chirurgical :
Il a été proposé à une certaine époque et consistait en la section plus souvent complet du nerf récurrent pour diminuer la tension du muscle TA (on imagine facilement les conséquences phonatoires d’un tel geste chirurgical…)
· Traitement médicamenteux :
C'est le traitement clé de cette pathologie : il consiste en l'injection intracordale (dans le muscle TA, AA, CAL ou CAP) de toxine botulique. Ce traitement aboutit à la paralysie partielle du muscle et donc à la diminution de son hyperactivité.
La symptomatologie phonatoire régresse alors instantanément, la toxine botulique, en paralysant partiellement le muscle dans lequel elle est injectée, diminue l’hypertonie musculaire.
Ce traitement améliore complètement les patients, mais malheureusement les effets sont réversibles au bout de quelques mois, lorsque le produit est complètement résorbé. Il est ainsi nécessaire de réaliser deux à trois injections intracordales par an.